L’annonce de l’interruption de la collecte par Le Relais, et le risque de voir des tonnes de vêtements non collectés s’accumuler au pied des bornes blanches, a conduit le gouvernement à réagir. Vendredi 18 juillet, en urgence, le gouvernement a mis en consultation publique un projet d’arrêté modifiant le cahier des charges de la filière TLC (textile, linge de maison et chaussures). En acceptant de revaloriser assez largement la rétribution de l’éco-organisme Re-Fashion, à un moment où plusieurs organismes de tri, dont Le Relais, se disent au bord du dépôt de bilan. Dans un communiqué de presse commun diffusé ce jour, les associations de collectivités – dont l’AMF – ont annoncé soutenir Le Relais dans ses demandes vis-à-vis de l’éco-organisme Refashion, représentant les entreprises metteuses en marché des produits textiles et disposant de fonds propres très conséquents.
Deux revalorisations importantes
Dans la présentation de ce projet d’arrêté, le ministère de la Transition écologique reconnaît que « en raison de la crise actuelle des débouchés des textiles usagés à l’export, les soutiens financiers aux opérateurs de tri, qui doivent permettre d’assurer une couverture des coûts nets de tri des opérateurs de tri, ne suffisent pas ».
Le texte prévoit donc « un soutien exceptionnel au tri en 2025 et 2026 ».
Pour 2025, il est prévu un soutien au tri porté à « 49 millions d’euros minimum », qui sera versé en trois échéances (août et octobre 2025 et janvier 2026). « Ce soutien à la tonne est calculé sur la base de 220 000 tonnes triées au niveau national en 2025 et à partir de la déclaration du tonnage trié en 2025, plafonnée à hauteur du tonnage trié en 2024 augmenté de 5,5 % » . Le dernier versement sera conditionné « à la production d’un audit financier » sur les coûts du tri.
Pour 2026, le soutien est porté à 57 millions d’euros, en quatre versements (avril, juillet, octobre, janvier).
Bol d’air… « insuffisant »
C’est un véritable bol d’air pour les opérateurs, asphyxiés par la crise et estimant, depuis des mois, que l’éco-organisme Re-Fashion distribue insuffisamment le produit de la taxe qu’il prélève sur chaque produit vendu. Comme l’expliquait la semaine dernière le président du Relais, Emmanuel Pilloy, à Maire info, Re-Fashion disposerait d’une trésorerie lui permettant immédiatement d’augmenter le prix qu’il verse à la tonne aux opérateurs (jusqu’à présent 156 euros).
Dans un communiqué publié mardi 22 juillet, Le Relais salue dans le projet d’arrêté « une belle revalorisation », qui permettra à l’entreprise de « maintenir son activité à flot » . Le Relais annonce donc être en mesure de reprendre « progressivement » la collecte à partir du jeudi 24 juillet.
Mais pour autant, Le Relais n’entend pas se satisfaire de cette concession du gouvernement et « maintient » qu’une revalorisation à 304 euros la tonne est indispensable. Faute de quoi, la structure « devra étudier un redimensionnement de ses activités à la hauteur de la rétribution proposée ».
Le Relais le répète : Re-Fashion touche au titre de l’éco-contribution 3 centimes d’euros par article vendu, et n’en reverse que 0,8 centime aux structures de tri. « Bien que Le Relais ait conscience que l’éco-participation ne couvre pas seulement les dépenses liées au tri, il est urgent de repenser cet équilibre afin de maintenir la viabilité de la filière ».
L’opérateur ne demande pas le statu quo : il se dit « bien conscient de devoir repenser son modèle », notamment en trouvant d’autres sources pour « subvenir à ses besoins », comme un site, à l’étude de vente en ligne de vêtements de seconde main.
Mais il rappelle que pour pouvoir réfléchir à son évolution, il doit rester en vie… ce que les tarifs actuels, même revalorisés, ne peuvent entièrement garantir.
La ministre de la Transition écologique ayant dit son souhait de remettre entièrement à plat le cahier des charges de la filière en 2026, la revalorisation annoncée vendredi dernier permettra en tout aux opérateurs de garder la tête hors de l’eau d’ici là.
La collecte reprendra donc demain, notamment parce que Le Relais souhaite « respecter le soutien sans faille reçu par les collectivités, elles-mêmes touchées de plein fouet par la crise ».
Du côté des associations d’élus, ces dernières « prennent acte de l’annonce par Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, du déblocage d’une aide exceptionnelle de 106 millions d’euros pour 2025 et 2026 à destination des acteurs de la collecte. Cependant, l’arrêt de la collecte des textiles par Le Relais a déporté sur les collectivités et à leurs frais la charge de gérer ces déchets, alors que le système de financement du service public de gestion des déchets est déjà fragilisé. Même si Le Relais a annoncé la reprise progressive de la collecte le 24 juillet, l’amoncellement de déchets textiles autour des bornes « Le Relais » reste un enjeu majeur de sécurité et de salubrité publiques. »
SOURCE : MAIREinfo – Édition du mercredi 23 juillet 2025